Combien gagne-t-on vraiment dans le jeu vidéo en France en 2025 ? (Attention, ça pique !)
Le jeu vidéo fait rêver, mais travailler dans cette industrie en France en 2025 n’est pas forcément synonyme de gros salaire. Entre les données du marché et celles, plus critiques, du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo (STJV), on découvre une réalité plus nuancée, où les rémunérations peinent parfois à dépasser le SMIC, même après plusieurs années d’expérience.
Alors que le secteur du jeu vidéo en France évolue dans un contexte plus mesuré, marqué par des ajustements budgétaires et une attention renforcée à la rentabilité des projets, les opportunités d’emploi restent nombreuses pour les profils qualifiés, notamment dans les métiers techniques et de production. La dynamique de l’industrie reste portée par des projets ambitieux, une demande soutenue en compétences spécialisées, et un écosystème de studios qui, malgré les incertitudes, continue d’attirer de nouveaux talents. Mais dans ce paysage en mutation, une question revient sans cesse pour les jeunes diplômé·es comme pour les professionnel·les en reconversion : combien gagne-t-on vraiment dans le jeu vidéo en France en 2025 ?

Crédit image : Les Aventures Ludiques
Des grilles salariales contrastées selon les métiers
Contrairement à la majorité des articles génériques, cet état des lieux est exclusivement basé sur les salaires pratiqués en France. Les chiffres sont issus à la fois d’analyses publiques comme celles du Gaming Campus et du baromètre du STJV, qui interroge directement les salarié·es et indépendant·es du secteur vidéoludique français.
Le salaire moyen est de 2 777 € net mensuels. Mais selon le métier et l’expérience, on constate quelques écarts :
Métier | 1 à 5 ans | 5 à 10 ans | 10 à 15 ans | 15 à 20 ans |
---|---|---|---|---|
Programmeur·se gameplay | 2 000 € | 2 475 € | 2 800 € | 2 850 € |
Programmeur·se UI | 1 918 € | 2 475 € | 2 783 € | 2 700 € |
Game designer | 1 840 € | 2 293 € | 2 500 € | 3 238 € |
Producer | 2 000 € | 2 470 € | 2 700 € | 3 095 € |
Community manager | 1 790 € | 1 985 € | 2 300 € | – |
Concept artist | 2 000 € | 2 450 € | – | – |
Graphiste 3D | 1 984 € | 2 085 € | 3 200 € | 3 500 € |
Level designer | 1 900 € | 2 320 € | 2 350 € | 2 200 € |
Sound designer | 2 100 € | 3 000 € | 3 200 € | – |
Salaire net médian par métier et par expérience, selon le baromètre du STJV
À première vue, certaines rémunérations peuvent sembler honorables. Mais il faut rappeler qu’en 2025, le SMIC net mensuel s’établit autour de 1 400 €. Ainsi, pour un·e junior dans le game design ou l’UI, le salaire médian dépasse à peine ce seuil. Le tableau ci-dessus le montre : la majorité des postes débutent sous la barre des 2 000 € nets par mois, avec une progression lente sur les dix premières années de carrière.
Il existe bien sûr dans l’industrie des profils plus chanceux. Ces postes très bien payés sont souvent occupés par des professionnel·les seniors, à des fonctions de direction ou de spécialisation avancée :
- Directeur marketing : 5 850 € net/mois
- Technical director : 5 200 € net/mois
- Game director : 4 855 € net/mois
- Executive producer : 4 524 € net/mois
- Lead programmeur : 3 552 € net/mois
- Responsable du développement : 3 478 € net/mois
Ces fonctions ne sont généralement accessibles qu’après une longue carrière, souvent dans plusieurs studios, et restent très minoritaires dans un secteur où la précarité reste un sujet central.
Quelle formation pour intégrer l’industrie ?
Le baromètre STJV révèle que plus de 61 % des pros du secteur ont un bac+5. Et ce parcours peut s’avérer onéreux : le coût moyen d’un cursus complet dans une école privée de jeu vidéo dépasse les 25 000 €. Pour alléger cette charge, de nombreuses écoles proposent désormais des cycles préparatoires accessibles dès la sortie du bac, comme la prépa artistique digitale, qui permet d’acquérir les bases avant d’entrer en spécialisation. Malgré cela, près de la moitié des étudiant·es contractent un prêt, qu’ils remboursent en moyenne sur 4 à 6 ans. En entrant dans le détail :
- La moitié des professionnel·les du secteur sont passés par une école privée spécialisée dans le jeu vidéo.
- Les formations les plus fréquentes concernent l’animation, le développement ou le game design.
- Et malgré ce parcours exigeant, 17,3 % des diplômé·es mettent plus d’un an à décrocher leur premier poste dans l’industrie.
Et les métiers autour du jeu vidéo ?
Si les projecteurs sont souvent braqués sur les développeur·ses ou les artistes techniques, de nombreux métiers gravitant autour du jeu vidéo affichent des salaires bien plus modestes. À commencer par les testeurs et testeuses, dont la rémunération médiane peine à dépasser 1 404 € net mensuels. Un chiffre révélateur d’un métier souvent considéré comme un tremplin, mais encore peu valorisé malgré son importance dans le cycle de production.
Du côté des vendeur·ses spécialisé·es ou des journalistes vidéoludiques, le constat est tout aussi mitigé : les salaires avoisinent en moyenne 1 560 € nets par mois, dans un contexte où les boutiques physiques déclinent face au numérique, et où les rédactions sont de moins en moins nombreuses à pouvoir rémunérer correctement leurs plumes.
Enfin, les métiers émergents comme streamer ou coach esport attirent de plus en plus de jeunes, mais la réalité économique reste fragile. Très peu en vivent décemment, et les revenus dépendent largement du sponsoring, des dons ou des plateformes publicitaires.
Pourtant, certains parcours inspirent toute une génération. C’est le cas de Minh Le, le co-créateur de Counter-Strike, passé du statut de moddeur amateur à celui de figure respectée de l’industrie. Ou encore de Matthew Haag, alias Nadeshot, ancien joueur pro de Call of Duty reconverti en entrepreneur visionnaire avec l’équipe 100 Thieves. Des trajectoires rares, mais qui prouvent que la passion et l’endurance peuvent parfois tout changer.
Et à l’étranger ? Des écarts (très) significatifs
Les rémunérations à l’international varient fortement selon le pays, le studio et la spécialisation. Aux États-Unis, un développeur peut dépasser les 5 000 dollars nets par mois, et les postes seniors flirtent avec les 10 000 dollars. Dans les grands studios comme Rockstar Games, où les productions atteignent des budgets hollywoodiens, les salaires peuvent s’envoler pour les développeur·ses expérimenté·es.
En Europe de l’Est, des studios tels que CD Projekt Red, basés en Pologne, affichent des niveaux de rémunération généralement plus bas qu’en Europe de l’Ouest. Toutefois, le coût de la vie y est aussi inférieur, ce qui compense en partie l’écart. Le prestige de travailler sur des titres comme Cyberpunk 2077 ou The Witcher IV continue d’attirer de nombreux talents internationaux. D’ailleurs, en parlant de The Witcher IV, difficile de ne pas évoquer la claque visuelle que représente son tout nouveau trailer. CD Projekt Red prouve une fois de plus qu’il maîtrise l’art de l’univers épique et immersif, et rappelle pourquoi tant de développeur·ses rêvent d’intégrer ses équipes, même loin de la Silicon Valley.