L'adieu sur le perron : comment la série The Last of Us réinvente un moment clé du jeu
L‘avant-dernier épisode de The Last of Us saison 2 revisite un moment clé du jeu sous un angle nouveau, offrant un flashback déchirant où Joel avoue enfin à Ellie la vérité sur Salt Lake City.
C’est une scène d’une intensité rare, à la fois bouleversante et profondément humaine, que nous livre l’épisode 6 de la saison 2 de The Last of Us. Sur le perron d’une maison baignée de silence, Joel et Ellie échangent leurs derniers mots. Une séquence sobre mais déchirante, qui fait écho au jeu vidéo tout en adoptant une tonalité inédite, propre à l’adaptation. Après « The Path », qui s’éloignait de l’œuvre originale pour explorer avec finesse le deuil d’Ellie, et l’épisode 4 qui revisitait avec brio une scène culte du jeu, HBO confirme une fois de plus sa capacité à transcender le matériau d’origine. En plaçant la relation entre Joel et Ellie au cœur du récit, la série continue d’explorer avec justesse les liens complexes tissés dans un monde à l’agonie.

Crédit image : Naughty Dog
Un dernier moment volé à la tragédie
L’épisode 6 de la saison 2 nous propulse dans un flashback poignant, cinq ans après les événements dramatiques de Salt Lake City. Joel est déjà mort dans la chronologie principale, mais sa présence rayonne dans ce retour en arrière. Ce tête-à-tête sur le perron est leur ultime conversation, une parenthèse douce-amère que le jeu vidéo The Last of Us Part II avait aussi explorée, mais sous une autre forme.
Ce moment suspendu montre toute l’ambivalence du lien entre Joel et Ellie. Une tendresse palpable, mêlée à une tension sourde. Ellie ne peut plus fuir la vérité. Elle veut savoir ce qu’il s’est vraiment passé dans cet hôpital. Joel finit par tout avouer :
- Les Lucioles pouvaient créer un remède grâce à Ellie
- Mais cela impliquait sa mort
- Alors il a choisi de la sauver, en éliminant tous ceux qui se dressaient entre elle et lui
Une révélation brutale, qu’Ellie soupçonnait depuis longtemps. La veille, en parlant à Nora, elle avait pressenti ce secret, mais c’est là, sur ce perron silencieux, qu’elle en prend la pleine mesure.
« Si on me donnait une chance de revenir en arrière à ce moment précis, je le referai sans hésitation »
— Joel
Joel sait que son choix était égoïste. Il le dit, il l’assume. Et surtout, il le referait. Pour lui, Ellie valait plus que le reste du monde. Ce n’est pas seulement une question d’amour, c’est une question de survie émotionnelle. Après la mort de Sarah, Joel n’a jamais pu se reconstruire… jusqu’à elle.
Et malgré les mensonges, malgré la culpabilité, il reste fidèle à ce qu’il ressent. Cette phrase, “je le referai sans hésitation”, est le cœur battant de cette scène. C’est un adieu sans regret, mais pas sans douleur.
Un écho bouleversant au jeu vidéo
Joel et Ellie partagent une scène similaire dans The Last of Us Part II, même si certains éléments ont été réorganisés. À ce stade du jeu, Ellie a déjà confronté Joel au sujet de Salt Lake City, lors d’un flashback où elle s’enfuit pour se rendre elle-même à l’hôpital afin de découvrir ce qui s’y est réellement passé. Mais HBO a pris le parti de déplacer cette conversation, pour qu’elle devienne leur véritable dernier échange, plutôt qu’une scène intermédiaire dans une quête de vérité.
Cette réécriture n’altère en rien l’impact émotionnel. Au contraire, elle sublime le propos. En offrant cette scène comme un dernier souffle, la série scelle l’histoire de Joel et Ellie non pas sur la violence… mais sur une possible rédemption.
Et c’est peut-être cela, le message le plus fort de The Last of Us : dans un monde dévasté, il reste toujours un coin d’humanité… sur un perron, un soir de Nouvel An.
Une colère nourrie par l’amour et le sens du sacrifice
Pourquoi Ellie est-elle si en colère ? Parce qu’au-delà de la trahison, Joel lui a volé son choix. Elle aurait peut-être accepté de mourir si cela avait permis de sauver l’humanité. Ce que les Lucioles lui ont enlevé, Joel l’a confirmé : la possibilité de donner un sens à sa vie.
Et pourtant, c’est aussi ce qui rend cette relation si déchirante. Joel n’a pas agi par calcul, mais par instinct. Il n’a pas supporté l’idée de perdre une seconde fille. Ce n’était pas un héros. C’était un père. Un père brisé.