Elon Musk annonce un jeu 100% généré par l'IA pour 2026... et se fait recadrer par Larian Studios
Elon Musk est persuadé que sa société xAI sortira un grand jeu vidéo, entièrement généré par intelligence artificielle, dès 2026. Mais dans l’industrie, la nouvelle fait surtout lever les yeux au ciel.
Après les voitures, les fusées et les réseaux sociaux, Elon Musk s’attaque désormais au jeu vidéo. Et, fidèle à sa réputation, il ne fait pas dans la demi-mesure. Avec sa société xAI, il promet un jeu entièrement généré par IA pour 2026, persuadé qu’il pourra, encore une fois, révolutionner l’industrie.
Crédit image : Elon Musk via X.com
Un projet taillé pour le buzz, pas pour les joueurs
Dans son éternel rôle de prophète de la tech, Musk a déclaré que xAI sortira « un grand jeu » avant la fin de l’année prochaine. La vidéo qu’il a partagée montre un soldat qui glisse comme sur des roulettes derrière un tank inexistant, tirant sur le vide. Bref, un mélange entre mauvais moteur physique et démonstration d’école ratée. Mais peu importe : Musk s’en nourrit. Ce qu’il vend, c’est le rêve de l’IA toute-puissante, même quand elle n’a rien à montrer.
The XAI game studio will release a great AI-generated game before the end of next year https://t.co/F14rJXNzk9 — Elon Musk (@elonmusk) October 6, 2025
Mais derrière la vitrine futuriste, l’illusion se fissure vite. Même les offres d’emploi de xAI laissent deviner un projet bricolé : des « tuteurs de jeu vidéo » payés à labelliser des données pour « entraîner l’IA ». Pas vraiment le rêve de tout créatif, plutôt la matérialisation d’une usine à prompts où la passion passe à la trappe.
Michael Douse monte au créneau
Et c’est là qu’entre en scène Michael Douse, directeur de la publication chez Larian Studios (les génies derrière Baldur’s Gate 3), qui n’a pas pu s’empêcher de décocher une flèche bien sentie. Pour lui, le jeu vidéo a besoin de mondes qui vibrent, pas de boucles de gameplay conçues par des formules mathématiques.
Genuinely what this industry needs is not more mathematically produced, psychologically trained gameplay loops, rather more expressions of worlds that folks are engaged with, or want to engage with. AI has its place as a tool, but we have all the tools in the world and they… https://t.co/eL98XeLGW8 — Very AFK (@Cromwelp) October 6, 2025
Son message ? Clair, direct et sans sucre ajouté : l’IA ne remplacera jamais la vision. Les développeurs ont déjà tous les outils du monde, mais aucun algorithme ne peut combler le vide laissé par l’absence de direction, d’âme et de leadership. Et Douse sait de quoi il parle : Baldur’s Gate 3 a été façonné par des centaines de créateurs passionnés, pas par des lignes de code opportunistes.
L’IA, miroir d’un malaise industriel
Cette querelle dépasse le simple clash Twitter. Elle illustre une industrie à la croisée des chemins, tiraillée entre innovation sincère et fuite en avant technologique. Ces dernières années, on a vu :
- Ubisoft et Nvidia s’essayer à des dialogues IA dignes de figurants de série B ;
- Epic Games présenter un Darth Vader IA capable d’improviser… jusqu’à répéter des insultes ;
- et les boutiques numériques se remplir de productions IA sans âme, clones visuels et narratifs à la chaîne.
Ce que Douse dénonce, c’est un secteur obsédé par la productivité, au détriment de la créativité. Et pendant que les dirigeants rêvent de remplacer les artistes par des serveurs cloud, les joueurs, eux, continuent de réclamer des histoires qui les émeuvent.
Derrière l’arrogance technophile de Musk se cache une peur bien réelle : celle que le jeu vidéo devienne un produit aseptisé, sans souffle, sans émotions. Car un moteur IA pourra peut-être générer des textures parfaites, mais il ne saura jamais créer un Shadowheart qui bouleverse, ni une réplique de Baldur’s Gate 3 qui reste gravée dans la mémoire.
Alors oui, Musk peut bien promettre un chef-d’œuvre artificiel pour 2026. Mais quand on a goûté à la chair, au sang et à la sueur d’un vrai jeu façonné par des humains, difficile de se contenter d’un ersatz algorithmique. Et comme le dit Douse : l’industrie n’a pas besoin d’un nouveau messie technologique — elle a besoin de cœur.