EA racheté 55 milliards : le fonds saoudien PIF et la famille Trump misent tout sur l’IA
Ce qui ressemble à une révolution pour certains s’annonce comme une bombe à retardement pour d’autres : Electronic Arts vient d’être avalé pour 55 milliards de dollars par Jared Kushner, le fonds souverain saoudien PIF et Silver Lake. Derrière la promesse d’innovation, une réalité plus inquiétante s’impose : l’obsession des nouveaux propriétaires pour l’IA et la rentabilité, au risque d’étouffer la créativité.
Electronic Arts n’est pas un éditeur comme les autres : ses licences comme Mass Effect, Dead Space, Battlefield ou EA Sports FC façonnent depuis des décennies l’imaginaire collectif des joueurs. Pourtant, ce mastodonte du gaming change aujourd’hui de mains, et pas n’importe lesquelles. Entre business familial, ambitions géopolitiques et promesses technologiques, ce rachat soulève autant de doutes que d’espoirs.

Crédit image : Electronic Arts
Un rachat record qui fait grincer des dents
Le montage financier dévoilé révèle l’ampleur de cette opération. Le consortium formé par le Public Investment Fund saoudien (PIF), le fonds d’investissement Silver Lake et Affinity Partners s’apprête à débourser la somme astronomique de 55 milliards de dollars – réglés en cash- pour s’emparer de l’intégralité du capital d’Electronic Arts. Les actionnaires, eux, jubilent avec une prime de 25 % sur le cours de l’action. Mais derrière l’opération comptable, certains signaux interrogent, notamment la présence du PIF saoudien, accusé par ses détracteurs de vouloir acheter une image plus “cool” à coups de milliards.
La dimension politique du dossier ne passe pas inaperçue non plus. Jared Kushner, patron d’Affinity Partners et gendre de Donald Trump, devient de facto l’un des acteurs influents de cette nouvelle gouvernance. Une proximité avec la famille Trump qui ne manque pas de faire réagir.
Andrew Wilson, actuel directeur général et président d’EA, conservera les rênes de l’entreprise après la finalisation du rachat. À première vue, la continuité est donc affichée. Mais pour combien de temps ? Beaucoup redoutent un changement de cap brutal.
L’intelligence artificielle, nouvelle pierre angulaire de la stratégie
Selon les révélations du Financial Times, les nouveaux propriétaires placent leurs pions sur une carte maîtresse : l’intelligence artificielle généralisée. Objectif : réduire les coûts, gonfler les profits et absorber la dette gigantesque du rachat. Sur le papier, la recette semble imparable. Mais dans les faits, cela pourrait signifier :
- Des jeux calibrés par algorithmes, optimisés pour la consommation rapide plutôt que l’inventivité.
- Un nivellement créatif au profit de produits rentables mais sans âme.
- Une mainmise accrue sur les studios, pressurisés pour sortir plus, plus vite.
L’IA peut être un outil formidable, mais entre les mains d’investisseurs obsédés par les marges, elle devient un instrument de rationalisation qui inquiète.
Et les joueurs dans tout ça ?
Ce sont eux qui risquent de payer le prix fort. Les fans de Battlefield craignent déjà que l’orientation plus réaliste du prochain opus soit sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. D’autres redoutent que les licences EA deviennent des machines à cash encore plus intrusives, bardées de microtransactions et d’expériences standardisées. Derrière les discours sur “l’avenir du divertissement”, se cache peut-être une réalité moins reluisante : un géant vidéoludique en passe d’être dévoré par la logique financière.
Le rachat d’EA illustre une tendance lourde : le jeu vidéo n’est plus seulement une industrie créative, c’est un terrain d’influence économique et politique. Quand l’Arabie Saoudite, Silver Lake et Jared Kushner s’emparent d’un éditeur aussi symbolique, la question dépasse le gaming. Faut-il se réjouir d’un futur boosté par l’IA, ou craindre la fin d’une ère où la passion primait sur la rentabilité ? L’avenir le dira, mais une chose est sûre : l’histoire d’EA vient d’entrer dans une zone de turbulences.