"Ce n'est pas vraiment nécessaire" : on sait enfin pourquoi Nintendo lance si peu de nouvelles IP
Nintendo fascine par sa capacité à séduire des générations entières de joueurs… tout en s’appuyant presque toujours sur les mêmes héros. Pourquoi la firme préfère-t-elle miser sur ses icônes plutôt que de multiplier les nouveautés ? Un ancien développeur de Big N explique enfin ce choix stratégique.
Quand on évoque le catalogue de Nintendo, la question revient régulièrement sur le tapis : l’éditeur japonais manque-t-il d’audace en ressortant perpétuellement Mario, Link ou Pikachu ? Les critiques fusent souvent contre cette approche jugée trop conservatrice par certains observateurs du milieu gaming. Dans une interview accordée à Bloomberg, Ken Watanabe, qui a notamment travaillé sur Splatoon et Pikmin 3, le voile sur cette stratégie qui fait débat.

Crédit image : Nintendo
Une approche centrée sur le gameplay avant tout
Selon Ken Watanabe, Nintendo adopte une méthode de création inversée par rapport à ses concurrents :
- Le processus créatif commence par une idée centrale : un nouveau mode de jeu, une mécanique inédite
- Elle recherche ensuite quelle franchise existante pourrait le mieux accueillir ces innovations
- La création d’une nouvelle licence n’intervient qu’en dernier recours
En d’autres termes, l’univers du jeu importe moins que son cœur ludique. Si une licence existante correspond à cette mécanique, elle est utilisée. « Les nouvelles franchises n’ont tout simplement pas vu le jour parce qu’il n’y a pas vraiment besoin de les créer », explique l’ancien développeur. Cette approche permet à Nintendo de tester constamment de nouvelles idées tout en s’appuyant sur des personnages déjà établis et appréciés du public.
Des exemples concrets de cette philosophie
Rien de mieux que le catalogue Nintendo pour illustrer cette logique. Prenons l’exemple de Donkey Kong et ses mécaniques de destruction environnementale : qui d’autre qu’un gorille géant pourrait incarner aussi parfaitement ce concept ? L’adéquation entre le personnage et le gameplay semble évidente.
À l’inverse, lorsque les équipes de Nintendo ont voulu explorer le shooter multijoueur compétitif, aucune de leurs mascottes historiques ne collait à cette vision. C’est ainsi qu’est née Splatoon, l’une des rares nouvelles licences créées ces dernières années par la firme.
Un catalogue qui suffit presque à tout
Selon Watanabe, Nintendo ne ressent pas une urgence à multiplier les nouvelles licences, parce que la société dispose déjà d’un gros catalogue de franchises cultes qui se renouvellent avec succès génération après génération :
- Des héros polyvalents comme Mario qui peuvent s’adapter à de nombreux genres
- Des univers spécialisés comme Metroid pour l’action-aventure ou Fire Emblem pour la stratégie
- Des concepts originaux comme Pikmin pour des mécaniques uniques
Cela explique pourquoi Nintendo n’éprouve pas le besoin pressant de multiplier les nouvelles licences, contrairement à d’autres éditeurs qui doivent sans cesse renouveler leur catalogue.
Une stratégie payante, mais critiquée
En définitive, la rareté des nouvelles IP n’est pas un manque d’audace, mais une philosophie assumée. Nintendo n’a pas besoin d’inonder le marché de créations inédites pour surprendre. Certes, à la sortie de la Switch 2, les titres maison de Nintendo se comptaient sur les doigts d’une main, mais la firme a su compenser avec ses héros historiques, toujours portés par des mécaniques rafraîchissantes capables de séduire toutes les générations. La preuve encore récemment avec la sortie de Mario Kart 9 sur Switch 2, et cela surement pareil avec le prochain Zelda. Et quand une nouvelle licence comme Splatoon apparaît, elle n’en est que plus marquante.
Les révélations de Ken Watanabe éclairent d’un jour nouveau cette stratégie souvent incomprise. Une philosophie qui, force est de le constater, continue de porter ses fruits commercialement et créativement.